L’Espagne face au défi migratoire
Près d’un migrant sur deux est arrivé en Europe via les côtes andalouses, de part et d’autre du détroit de Gibraltar, en 2018.
La mer d’Alboran, portion de Méditerranée entre le détroit de Gibraltar, la côte andalouse et le Maghreb, est-elle en passe de devenir un cimetière marin pour les milliers de migrants qui tentent la traversée vers l’Europe ?
Depuis le retour d’une météo plus clémente début juin, les sauveteurs maritimes espagnols, la guardia civil, Frontex — l’agence chargée de la gestion des frontières extérieures de l’espace Schengen — et diverses ONG scrutent avec inquiétude l’horizon du côté de l’arc méditerranéen entre Almeria, au nord-est de l’Andalousie, et le détroit de Gibraltar, ainsi qu’à l’ouest, dans le golfe de Cadix. Le spectre de l’année passée en mémoire.
Avec l’accord entre l’Europe et la Turquie — bloquant réfugiés et migrants en Grèce où se font les demandes d’asile — les « fermetures » de la route des Balkans et de l’Italie, l’Espagne est devenue en 2018 le premier pays d’entrée illégale. Le nombre d’arrivées par la mer y a été multiplié par cinq en deux ans, avec un pic entre juin et octobre.
Alors que la photo d’un père et sa fille noyés en essayant de passer la frontière mexicaine vers les Etats-Unis a ému le monde entier, et que plus de 110 migrants sont morts le 25 juillet dans un naufrage au large de la Libye, l’Espagne, premier pays d’entrée en Europe de l’immigration illégale en 2018 avant que la Grèce reprenne la tête de ce triste palmarès il y a quelques jours, compte aussi ses morts. Un phénomène auquel le pays n’était pas préparé.